vendredi 16 novembre 2007

Un mariage poids moyen de John Irving

Deux couples d’amis dans les années 70 : d’un côté Séverin Winter,professeur d’allemand entraîneur de lutte d’origine viennoise et Edith,écrivain ; de l’autre, le narrateur, professeur d’histoire auteur de romans historiques et sa femme Utch qui a passé son enfance à Vienne…Un beau jour ils décident d’un échange de partenaire par consentement mutuel en fonction des affinités…Et nous voici spectateurs d’un ménage à quatre, avec ses querelles, ses jalousies naissantes et passées, sans pour autant que nous nous sentions comme des voyeurs. Cette situation que l’on perçoit comme un jeu au début du roman, mais avec quand même des règles très strictes (temps d’adultère équivalent, pas de nuit complète chez l’amant…), nous apparaît peu à peu plus complexe et somme toute pas si facile à vivre, les sentiments prenant le pas sur l’aspect purement sexuel du départ…
A première vue, cela peut paraître plutôt immoral mais on a plus un sentiment de cocasse que d’indécence. En fait, tout est dans la manière dont l’auteur traite de ce sujet un peu délicat. Grâce à une écriture très libre et très légère et surtout à un humour omniprésent on a une sensation d’irréel et de pas complètement crédible au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture, notamment parce qu’il y a trop de coïncidences entre les couples pour que cela fasse vrai. Autre originalité du roman :on retrouve souvent un parallèle entre la vie et les règles du sport de lutte, que ce soit dans les attitudes, les idées, les sentiments et même les descriptions des protagonistes classés dans des catégories de poids (moyen, léger, plume, lourd). Tout cela nous donne des personnages originaux, drôles mais aussi attachants parce que tellement humains… Par contre comme l’auteur s’amuse à faire sans arrêt des allers retours entre le passé et le présent, on a un peu de mal à « rentrer » dans le roman et ce n’est pas toujours facile à suivre. J’ai découvert John Irving avec « le monde selon Garp » et l’ai beaucoup apprécié dans « une veuve de papier » ou « un enfant de la balle »…J’ai moins adhéré à celui-ci, du moins au premier abord, certainement parce qu’il fait parti des premiers écrits de l’auteur et qu’il est moins abouti que les suivants. Mais à la réflexion on passe quand même un bon moment à sa lecture et sous un aspect un peu frivole, ce roman est plus profond qu’il ne semble. Nicole VOUGNY

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