mardi 20 novembre 2007

L'Impératrice de la soie Tome I - Le Toit du monde de José Freches

Un viol dans un monastère, une concubine de cinquième rang propulsée au rang d'Impératrice, un moine rompu aux arts martiaux affublé d'une mission très délicate, et d'autres situations encore, sans rapport entre elles à priori, vont se rejoindre magistralement dès le début de ce premier tome au style clair, enchaîné, palpitant et de plus très didactique sur le Bouddhisme. Entre la Chine, l'Inde et le Tibet se trame sous fond de concurrences religieuses pacifiques, un trafic de fabrication de soie clandestine qui s'oppose à la toute puissante Chine impériale. Malgré le monopole exclusif de cette denrée imposé par l'Empire chinois, l'argent généré par son commerce attise les convoitises des différentes obédiences pour servir de moteur à leurs expansions et ainsi chacune espère devenir la religion principale de l'Asie et surtout de la Chine. La technique d'élevage des chenilles du Bombyx, l'exploitation du fil précieux extrait du dévidage des cocons, les procédés de teinture des tissus de soie, sont des secrets qu'il va falloir découvrir au mépris de tous les dangers en défiant les services de polices de l'Empereur au péril de la vie et surtout de la ruine des puissances commanditaires.
Ce premier tome d'une trilogie nous laisse sur notre faim, et un désir irrépressible s'empare de nous de lire la suite. Les personnages bien campés et hauts en couleurs gardent une humanité pleine de sensibilité, de compassion et souvent de cruauté. Les premiers chapitres dédiés à la mise en scène des différents protagonistes peuvent dérouter une lecture trop linéaire de l'histoire. Ils apparaissent comme les couches successives d'un mille-feuilles aux multiples textures, pour ensuite se fondre les unes dans les autres et fusionner comme les affluents font naître les grands fleuves. L'impératrice de la soie avec ce premier tome : Le Toit du monde, surprend déjà par le nom de l'auteur à consonnance occidentale, et pourtant si on ose sa lecture on est dès le début happé par un fort courant d'aventure et de dépaysement qui transporte aux temps anciens de l'Asie où la route de la soie drainait non seulement cette dernière mais aussi tout un cortège de drames et de bonheurs pour que la cupidité de beaucoup et l'amour de certains s'équilibrent afin que le monde humain perdure toujours et encore. Wuzaho saura-t-elle à force de séduction amoureuse et de vilenies, parvenir à sa destiné prophétique et remplacer son mari Gaozong, esclave de ses charmes, sur le trône de l'Empire ? Cinq défenses, moine intègre du grand véhicule bouddhique sauvera-t-il les jumeaux célestes qu'un marché de dupe a mis dans ses bras ? L'éléphant blanc sacré est-il mort dans le froid du Tibet abandonné par Bouddhabadra dont le sort final n'a rien d'enviable ? ... et mille autres questions auront-elles leurs réponses dans le second ou le troisième tome ? A vous de les lire. Frédéric MOLLICA

Aucun commentaire:

Publicité