lundi 3 mars 2008

La forêt des renards pendus de Arto Paasilinna

Rafael Juntunen coule des jours paisibles dans son luxueux appartement de Stockholm, grâce aux 36 kilos d'or qui lui restent d'un cambriolage effectué des années plus tôt avec deux complices. Ces derniers croupissent en prison, et lorsque Rafael apprend leur libération prochaine, il ne voit pas pourquoi il partagerait son butin. Afin de leur échapper, il s'enfuit en Laponie, en pleine forêt, bien décidé à protéger son or. Mais il n'a absolument aucune aptitude pour survivre en pleine nature... C'est alors qu'il rencontre le Major Remes, mis en congé de l'armée pour alcoolisme. Chacun mentant sur son identité et sur les raisons de sa présence dans les forêts lapones, les deux compères décident de s'entraider et de s'installer dans une cabane de bûcherons abandonnée. Mais la Laponie n'est pas forcément l'endroit tranquille et désert auquel on pourrait s'attendre... Outre un gentil renardeau, un flic paumé, des prostituées suédoises et une nonagénaire enfuie d'un hospice, il faudra compter avec les anciens complices de Rafael, qui ont la rancune tenace !
Ce roman finlandais, très original, est écrit dans un style simple et agréable, grâce à des chapitres courts et une alternance entre dialogues et récit. On entre tout de suite dans l'histoire, qui se déroule sans temps mort, avec de multiples rebondissements. La critique ironique de la société, visant en vrac la police, le système pénitentiaire, la justice, les services sociaux, la religion, l'armée, etc., se dissimule derrière la caricature et un ton presque candide, très pince-sans-rire, qui confère une certaine fraîcheur au propos. Mais ce qui donne toute sa saveur au roman, c'est cette incroyable galerie de personnages hétéroclites, aussi loufoques et improbables que truculents et attachants, qui tentent tous d'échapper à une société dont ils se sentent en marge, chacun à leur façon. Ce roman est, selon moi, l'un des meilleurs de Paasilinna. J'y ai retrouvé absolument tout ce que j'aime chez cet auteur : des personnages hallucinants et complètement décalés, un récit très original, des descriptions dépaysantes et féeriques de la Laponie, des rebondissements en chaîne... Mais surtout, derrière la charge contre la société, on sent que l'auteur éprouve une certaine tendresse pour ses personnages, ce qui rend le roman très touchant, et donne une vraie fraîcheur au récit. J'ai pensé aux frères Cohen en lisant ce livre, entre "Fargo" pour l'atmosphère et "The Big Lebowsky" pour les personnages. Avouez que l'on fait pire comme références !
Fanny LOMBARD

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