vendredi 14 mars 2008

L'Atlantide de Pierre Benoit

Pourquoi avais-je confusément associé à priori le roman de Pierre Benoit L'Atlantide à un univers marin? Peut-être par association d'idée avec la ville engloutie d'Ys, civilisation également disparue. Ma surprise fut donc totale quand je me vis projetée en plein désert marocain au début du vingtième siècle durant la colonisation.
Olivier Ferrières, lieutenant au 3ème spahi espère prendre rapidement le commandement resté vacant du poste situé en bordure du désert qu'il occupe avec une infime poignée d'hommes. Or, un courrier du ministère lui annonce l'arrivée d'un nouveau chef, le capitaine Saint Avit. A la réaction du maréchal des logis en apprenant cette nouvelle, Ferrières comprend qu'un malaise entoure la personnalité du capitaine. En effet, parti avec le capitaine Morhange pour une expédition dans le Hoggar, St Avit en est rentré seul et il se murmure qu'il pourrait bien être le meurtrier de Morhange. Dans l'impossibilité de vérifier la version des faits qu'il donne de leurs péripéties, la thèse officielle adoptée par l'armée pour cette affaire l'innocente. Il n'empêche, l'atmosphère est lourde quand le commandant débarque à Hassi-Inifel. Contre toute attente, le premier contact est fort agréable. Le nouveau venu s'avère charmant et Ferrières se résout à admettre qu'il éprouve pour lui une réelle sympathie. Toutefois, la question de son l'éventuelle culpabilité reste posée. En réalité, le véritable but de la présence de St Avit dans cet endroit perdu est la préparation d'une nouvelle expédition qu'il compte mener dans le Hoggar. Ferrières accepte volontiers la proposition de son supérieur d'y participer, mais il s'interroge sur ce qui pousse son nouvel ami vers une entreprise aussi hasardeuse que périlleuse. Pressé de s'expliquer, St Avit raconte l'aventure qu'il vécut quelques années plus tôt avec Morhange. Commence alors le récit d'une épopée qui, bien que débutant dans un contexte d'une réalité tout à fait concrète, va bien vite échapper à toute rationalité. Un univers totalement surréaliste s'ouvre peu à peu devant les voyageurs et rien ne pourra plus les empêcher d'avancer. Ni le sentiment d'extrême danger qui habite Morhange et St Avit, ni la disparition des relations logiques entre les évènements n'auront de poids en face de l'irrésistible fascination qu'exerce sur eux l'univers qu'il découvre. Le réel a disparu. Ils évoluent dorénavant dans une autre dimension, jusqu'à la mort. Conçu comme les poupées russes, plusieurs récits dans le récit s'emboîtent, relatés par les différents personnages qui peuplent ce monde perdu dans le désert. Monde dont on ne revient pas. A l'exception de St Avit... Peuplé de références historiques et littéraires liées aux civilisations disparues qui par moments alourdissent un peu le récit, la magie de ce roman opère. Le style est alerte et la narration de l'histoire à la première personne même si le narrateur n'est pas toujours le même. Le mystère est entretenu et le regard énigmatique des touaregs y est pour beaucoup. L'imaginaire est flamboyant, l'aventure souvent palpitante fait vivre au lecteur un moment hors du temps, dont la principale propriété est précisément de faire oublier celui qui passe, et très agréablement.
Florence TOUZET

Aucun commentaire:

Publicité