mercredi 3 février 2010

Deux doigts de mensonge de Ruth Rendell

Kerstin Kvist, infirmière suédoise, emménage dans cette ancienne demeure anglaise comme aide-soignante auprès de John, le seul fils de la famille atteint soi-disant de la schizophrénie. Mme Cosway, veuve sévère et autoritaire aux principes douteux, régente ses trois « vieilles filles » d’une main de fer, excepté la cadette Zorah. Cette dernière, vivant à Londres, se montre plutôt hautaine envers sa famille lorsqu’elle leur rend visite, la seule d’ailleurs que Mme Cosway n’ose pas contredire. Kerstin a l’impression que tout ce petit monde, avec l’approbation du Dr Lombard, cherche à droguer volontairement le pauvre John. Qu’en est-il vraiment ? De plus, elle va découvrir bien d’autres secrets de famille.
Kerstin se plonge 35 ans en arrière pour nous raconter son vécu dans cette bizarre famille, les Cosway. L’histoire se déroule dans les années 60 dans la campagne anglaise. J’ai bien aimé l’éventail de portraits des différents protagonistes, aussi intéressants que curieux parfois, comme par exemple la docilité inquiétante d’Ida, la présomption et l’arrogance de Zorah, l’hypocrisie de Winifred, ou encore la jalousie d’Ella qui perd toute dignité pour un homme pourtant plutôt méprisant comme Félix Dunsford. J’avoue qu’Ella m’a fait beaucoup rire avec son comportement que je qualifierais d'infantile, voire même absurde très souvent, elle manque vraiment de maturité pour une femme au-delà de 40 ans. Quant à Winifred, derrière son attitude très pieuse, elle va en choquer d’une, du moins par rapport à cette époque. Et puis, il y a John, malade et rejeté notamment par sa mère. On ressent de l’affection pour lui et on a envie de le protéger.
« Deux doigts de mensonge » est un roman que je classerais plutôt dans le domaine de la psychologie; l’auteur réussit à installer une intrigue captivante à travers ses personnages, avec une dose de suspense suffisante pour encourager le lecteur à aller jusqu’au dénouement. Bien que j’aie trouvé l’ouvrage intéressant, j’ai observé avec un peu de regret une description trop détaillée, notamment en matière de paysage. Certes, cela laisse imaginer une magnifique fresque de la campagne anglaise, mais cet exposé minutieux peut devenir ennuyeux au bout d’un moment, car celui-ci ralentit fortement les événements.
Il faut reconnaitre que Ruth Rendell emploie une écriture très élaborée dans ce roman, d’un niveau un peu supérieur à la moyenne. On pourrait sans doute classer l’ouvrage dans la « grande littérature anglaise ». On sent que l’auteur possède une bonne connaissance de cette période. Le manuscrit jouit d’un très bon français et les phrases utilisées sont relativement stylées.
J’ai bien apprécié « Deux doigts de mensonge » même si l’histoire avance trop lentement selon mon goût. Cependant, suivre la vie quotidienne des gens de cette époque est bien plaisant, car on apprend des choses.

Ngan Dai GRAMOLINI

Aucun commentaire:

Publicité