mercredi 10 février 2010

Women de Charles Bukowski

On le surnomme Hank, mais il s’appelle  Henry Chinaski. Il a la cinquantaine, il mesure un mètre quatre-vingt et il pèse cent treize kilos. C’est un alcoolique, vieux, moche et dégueulasse, il est paresseux, cinglé et bête. Il aime les matchs de boxe et les champs de courses, c’est un raté qui n’a pas eu de femme depuis quatre ans et qui compte bien se rattraper.
Bien sûr Hank tombe amoureux de la première femme qu’il rencontre. Comment ne pas l’être ? Elle s’appelle Lydia et elle est folle comme lui. Elle est jalouse et lui aussi. Tout les sépare, tout les réunit.
Ainsi commencent  les fabuleux épisodes de la vie de Henri Chinaski, poète à la faible renommée, ancien postier qui gagne sa vie en faisant des lectures dans les universités, les librairies et parfois les boîtes de nuit. Rien n’est facile quand on est certain de sa petitesse. Car Hank est ignoble mais lucide ; il ne sait que dormir, bouffer, traîner et faire l’amour, mais dans la plus parfaite solitude, certain de ne jamais pouvoir satisfaire une femme, certain de ne pouvoir combler en lui l’ennui qui le ronge.
Women est une fiction, Charles Bukowski le précise dès le début, et même si le parallèle entre les deux vies peut être fait, le lecteur ne doit pas se tromper. Bukowski écrit contre l’Amérique bien pensante, contre les hommes et les femmes incolores, inodores et sans saveur, contre ceux qui ont été cajolés, dorlotés par leur maman, ceux qui sont niais et satisfaits. C’est une voix qui s’élève, crue et parfois ordurière, c’est un langage nouveau qui entre avec lui en littérature. Car il y a là une verve, un flot de paroles qui ne se tarit pas, plein d’humour et de tendresse malgré tout.
Charles Bukowski a fait partie avec Hubert Jr Selby de cette génération qui a réveillé les Etats Unis d’après guerre.

Jacky GLOAGUEN

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