jeudi 11 février 2010

Le vin des Dieux de John Barnes

Pour avoir goûté trop jeune au Vin des Dieux, Amatus a vu se réaliser un vieil adage et perdu la moitié gauche de sa personne, ce qui ne l'empêche heureusement pas de se porter bien. Furieux, son royal père a cependant fait exécuter les responsables : la gouvernante, l'alchimiste, la sorcière et le capitaine de la garde. Un an et un jour plus tard, quatre mystérieux Compagnons se présentent pour occuper les postes laissés vacants et faire l'éducation du jeune demi-prince. Celui-ci devra affronter de nombreuses épreuves et endurer de nombreux sacrifices avant de voir lever la malédiction qui l'afflige.
L'apprentissage du prince Amatus est relaté en quatre parties, qui lui permettront de mieux comprendre chacun de ses quatre Compagnons et de récupérer son corps morceau par morceau. D'abord, le prince grandit et réalise sa première Quête : aller sauver une jeune vierge dans le royaume souterrain des gobelins. Ensuite, Amatus doit délivrer ses sujets d'une bien étrange maladie qui les affaiblit toutes les nuits. Après cela, le Royaume va subir l'invasion d'un inévitable Usurpateur, que le Prince va finalement combattre à l'aide d'alliés pour le moins inattendus.
La grande originalité de ce roman est qu'il s'agit d'un conte de fée dans lequel les personnages ont conscience de la situation et en jouent, utilisant à leur avantage les règles qui régissent les contes de fée ! L'auteur en profite également pour détourner un certain nombre de clichés du genre. Cela donne une fable particulièrement mordante et savoureuse, où l'humour et l'ironie sont omniprésents. L'auteur joue cependant sur les genres et le ton change suivant les moments (burlesque, épique, etc.), balançant le lecteur entre comique et tragique, entre premier et second degré.
On pourra cependant regretter certains événements qui, s'ils ont leur place dans un conte de fée, ne semblent pas particulièrement nécessaires dans celui-ci, malgré la règle souvent énoncée qu'il n'y a pas de coïncidences dans une histoire telle que celle-ci... De plus, un certain nombre de mystères restent inexpliqués, notamment sur l'origine des Compagnons ou le fonctionnement de la malédiction, ce qui peut laisser le lecteur sur sa faim.
Le style est fluide, très visuel. On est emportés dans l'histoire, dont le rythme ne ralentit jamais et surprend le lecteur à chaque page. Les nombreux néologismes participent beaucoup à l'amusement du lecteur. Enfin, de nombreux personnages secondaires originaux et frappants (la Bête-aux-énigmes, le diacre Dick Tonnerre et ses bandits organisés, etc.) étoffent le récit.
N'hésitez pas à lire ce roman hilarant et inventif !

Marie-Soleil WIENIN

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