mardi 23 février 2010

Journal d'un éléphant dans une peau de gazelle de Sonia Dubois

Au début des années 90, les téléspectatrices découvrent l’émission de télévision Frou-Frou, animée par Christine Bravo. Le moins que l’on puisse dire est que Sonia Dubois, une des chroniqueuses de l’équipe, ne passe pas inaperçue ! Son physique « très enrobé », sa vitalité débordante, et sa naïveté touchante font d’elle, rapidement, un personnage phare de ce magazine féminin. Depuis toujours, sa faim perpétuelle et l’obésité qui en résulte ne lui posent aucun souci. Mais soudainement, Sonia prend conscience de son aspect « hors normes », et pousse la porte du Centre d’amincissement des Champs-Elysées. Il lui fera perdre presque 60kg en 1 an. Liée par contrat à cet institut qui lui a offert ses soins en échange de la publicité qu’elle peut en faire, Sonia se doit de faire bonne figure. Mais derrière la façade de convenance, Sonia a de plus en plus de mal à ne pas retomber dans ce qui est réellement une maladie, l’hyperphagie. D’autant plus que la vie ne lui semble pas plus belle depuis son amaigrissement spectaculaire… Sur un ton très dynamique, et dans un style facile à lire, Sonia Dubois expose les émotions qui la traversent et les difficultés qu’elle rencontre. Sans aucune retenue dans ses propos pour les personnes qui l’entourent (son mari si peu présent, son meilleurs ami homosexuel et anorexique, un collègue alcoolique sur lequel elle fantasme) ou qu’elle est amenée à côtoyer (les femmes venant aux portes-ouvertes de l’institut, sa jolie voisine), elle joue la carte de la franchise. Quelques encarts bourrés d’humour, mais aussi et surtout de bon sens, agrémentent le récit : «25 choses à ne pas me demander si vous voulez qu’on reste amis », par exemple.  Ce témoignage permet de dévoiler un aspect bien souvent occulté des cures d’amaigrissement : celui de l’après régime. La plupart du temps, en effet, les reportages télévisés ou publications nous vantent l’efficacité de telle ou telle méthode miracle, ou mettent en avant une personne rayonnante après avoir perdu ses kilos superflus. Mais il est rare qu’un livre révèle avec tant de sincérité que la vie ne devient pas obligatoirement idyllique du jour au lendemain après un régime réussi. Et que s’obliger à ne pas regrossir en réfrénant ses pulsions alimentaires peut, finalement, entraîner plus de malaise que de bien être. 


Sophie HéRAULT

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