dimanche 28 février 2010

Préséances de François Mauriac


L’histoire se passe à Bordeaux, ville chère  à l’auteur, et dans ses alentours.
Deux adolescents (un frère et sa sœur) veulent à tout prix faire partie de la « Haute Société » ou encore des « Fils » du Négoce du vin bordelais, eux qui ne sont issus que de la classe des marchands de bois ou de draps.  Ils sont prêts à tout entreprendre même au détriment d’une amitié pour Augustin, pauvre être échevelé, sale, mal habillé, né  de père inconnu à l’histoire complexe, mais très brillant intellectuellement, « toujours premier ». Tous leurs actes, propos visent à  « entrer » dans cette classe sociale, ô combien enviée par ses oncle et tante, qui en ont la charge. A travers le faux rapprochement du frère avec Augustin, un double but est poursuivi : humilier les Fils et piquer la jalousie de l'un d'eux, Harry Maucoudinat, et l'amener à épouser la sœur.
Le snobisme de ces deux jeunes gens atteint son paroxysme dans la première partie du roman, au moment où Florence, la jeune femme épouse l’Un de ce milieu aristocrate. Son frère, le narrateur, est lui aussi disposé à tout, pour nier les contacts avec d’autres  personnes que ceux des « Fils des grandes Maisons».
C’est sous la forme d’un journal que commence la seconde partie .Douze années se sont écoulées : « la cendre a seulement recouvert nos cœurs et le feu a couvé sous les années ». Peu à peu le souvenir d’Augustin hante chacun de ces personnages, chacun à sa façon.  La jeune femme se prend à regretter cette ardeur qui émanait d'Augustin ; elle voudrait retrouver l'ami perdu. Seront-ils disposés à abandonner les « prérogatives » difficilement acquises ? Ou préfèrent-ils reconnaitre Augustin et leur erreur ? C’est à travers un scénario, monté de toute pièce, que le frère va tenter de  prouver  les raisons de leurs comportements. Arriveront-ils à leur fin ?
  Cet étonnant roman, touffu, compliqué, est une véritable œuvre d'imagination qui ne va pas certes sans quelques invraisemblances. Dans cette sorte de satire des «fils» des grandes maisons du négoce bordelais, se révèle une ironie acérée.
Le style est classique mais n’en rend pas moins le roman intéressant… et à découvrir. Les verbes sont au présent mais aussi au passé car des souvenirs réapparaissent. Chaque personnage est campé d’une forte personnalité, très bien décrite : on croirait les voir évoluer en face de soi.


Laurence DEMAY

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