jeudi 18 février 2010

Les chiennes savantes de Virginie Despentes

Louise travaille dans un peep-show. Le métier la contente. Elle fait ça sans effort, soutenue par l'alcool et les drogues. Elle vit la nuit, ne rencontre pas beaucoup de nouvelles personnes. Elle aimerait parfois être ailleurs. Mais elle continue, jour après jour, d'avancer sur le même chemin. Un soir, le peep-show où elle travaille n'ouvre pas. Elle est convoquée par la Reine-Mère, celle qui chapote tout le réseau de la prostitution et de l'exhibition de la ville. Deux filles ont été retrouvées mortes, écorchées jusqu'à l'os. La Reine-Mère est après un certain Victor, un beau parleur flambeur indigne de confiance. Louise, qui ne se donne à personne, qui ne laisse personne la toucher, découvre que les hommes sont des bêtes violentes pour qui les femmes sont des proies faciles et nécessaires. Infâme lecture! La langue est détestable, vulgaire, lourde et sale. Elle colle au sujet: prostitution, violence, vies malhabiles et paumées. La narration est pénible: Louise peine à chaque mot, à chaque phrase. Le texte avance mal. Lire ce qu'elle raconte, c'est comme soulever le rideau rouge et lourd d'une boîte de strip-tease, être sommé d'assister à un spectacle dont on est pas nécessairement pas amateur. On en ressort vaguement dégoûté et sali. Si le but de l'auteure était de nous choquer et de nous envoyer de la saleté et de la perversion par paquets, elle a réussi. Cette réussite ne veut pas dire que j'ai aimé le texte. Je l'ai trouvé inutilement racoleur et provocateur. L'intrigue aurait peut-être gagné à être un peu plus légère, moins enchaîné à la langue des bas-fonds et aux quartiers douteux. Certains diront qu'on ne peut parler des sujets spécialisés qu'en utilisant la langue qui les caractérise. Je pense qu'un peu d'ouverture d'esprit et de formulation n'est pas une tare. Les personnages sont très caricaturaux. Il y a la danseuse lubrique qui aime qu'on la regarde, celle qui flirte avec la prostitution, la mère maquerelle imposante et majestueuse, le type à la gueule d'ange, etc. Dommage, le texte devient une énième réplique des films noirs, sans rien inventer de nouveau.

Magali CONEJERO

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