samedi 6 mars 2010

Le colonel Chabert d'Honoré de Balzac

C’est un court roman très bien construit et finalement très intense. Si là aussi, l’auteur fait preuve de la maîtrise que tous lui reconnaissent, il nous démontre surtout qu’en quelques dizaines de pages il est capable de nous raconter une histoire. Il alterne la narration avec les dialogues, il joue avec le retour en arrière, il change les points de vue, il varie les éclairages. Tout est fait pour mieux nous faire appréhender la complexité de la situation et la diversité des personnages. Avec ce roman, Balzac se présente comme un maître du récit court, il nous laisse entrevoir ce que par ailleurs tout lecteur un peu paresseux oublie facilement et que ses plus gros romans rappellent, une maîtrise parfaite de la narration.
Ce roman est une belle réussite, d’autant plus que l’histoire qui nous est contée n’a rien d’original. Un homme revient de la guerre, on l’a cru mort et son acte de décès a été dressé, sa femme s’est remariée, elle est riche et a deux beaux enfants. Revenant d’entre les morts, pauvre et fatigué, affamé et timide, le colonel Chabert réclame son nom, son ancienne fortune et son rang.
Le récit tourne autour de trois personnages principaux que Balzac nous expose majestueusement : l’avoué dénommé Derville qui permet à l’auteur de construire parfaitement son roman, presque de manière architecturale, la Comtesse Ferraud, la veuve manipulatrice et le colonel, homme simple et honnête, voué à une fin misérable.
Ce roman peut se lire de bien des manières, chaque lecteur peut lui donner une signification différente. Ce peut être l’opposition entre deux mondes, deux psychologies, ce peut être aussi la réécriture d’une partie de l’histoire de France comme la dénonciation d’un opportunisme qui pointe dans la nouvelle société parisienne.
Nul doute qu’en ce début de siècle, cette histoire continue à faire écho en chacun de nous.

Jacky GLOAGUEN

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