samedi 13 mars 2010

Une année sous silence de Jean-Paul Dubois

  Paul Miller approche de la cinquantaine. Depuis que sa femme Anna s’est suicidée, il vit dans un petit appartement où il essaie de composer avec sa solitude, ses angoisses et ses obsessions sexuelles. Entre harcèlement de voisines, d’un prêtre peu chaste et nouveau travail, se déploie une année à essayer de retisser patiemment les fils d’une nouvelle vie sans sa femme.
 J’avais déjà lu quelques livres de Jean-Paul Dubois. On retrouve ici certaines de ses obsessions, à commencer par le prénom des protagonistes : le narrateur s’appelle Paul, sa femme, dépressive et suicidaire, Anna. Le thème des tondeuses à gazon revient d’un livre à l’autre : dans ce roman, Paul a trouvé un travail dans les espaces verts et manie quotidiennement cet engin. La maison qu’habitaient Paul et Anna, que cette dernière a brûlée afin de se suicider, est une maison que Paul avait bâtie lui-même, tout comme le narrateur de « Vous plaisantez monsieur Tanner ». Enfin, Paul comme Anna sont des personnages déséquilibrés, dépressifs et tourmentés, ce qui mène d’ailleurs Anna au suicide. La relation au sein du couple est tumultueuse, voire teintée de haine, comme dans « Les accommodements raisonnables ». L’ouvrage prend le parti de l’introspection, l’auteur dévoilant les états d’âme, les obsessions, notamment sexuelles, de Paul. J’ai trouvé que le narrateur était peu attachant, trop perdu dans ses errements psychiques et comportementaux. La description du harcèlement de ses voisines, outre son côté pathologique, peut paraître assez choquant. Le roman est plutôt désabusé, l’auteur ne délivrant guère un message d’espoir. Un voyage au cœur de l’errance, du désespoir et de la folie, avec parfois des passages au vocabulaire très cru, ce qui m’a plutôt dérangée. L’écriture est précise, les phrases sont souvent courtes, évoquant des données factuelles ou des états intérieurs, des analyses – du point de vue de Paul – des agissements de telle ou telle personne. J’apprécie ce genre d’écriture un peu sèche dans la forme, concise, mais précise et délivrant l’essentiel du message. Un ouvrage qui explore les failles et fragilités de l’être humain, désabusé, cynique, où l’on retrouve les marottes de Jean-Paul Dubois.

Christelle Gaté

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