jeudi 31 décembre 2009

Christophe et son oeuf de Carlos Fuentes


Carlos Fuentes écrit avec Christophe et son œuf un livre iconoclaste, une farce moderne qui ridiculise les commémorations internationales de 1992 pour le cinq centième anniversaire de la découverte de l’Amérique.
Le point de départ du roman est l’organisation par le gouvernement mexicain d’un concours bien étrange : l’enfant de sexe masculin qui naîtra très précisément à 0.00 heure le 12 octobre 1992, date anniversaire de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb, sera proclamé fils prodigue de la patrie.
Depuis le ventre de sa mère et pendant les neuf mois de la gestation, ce nouveau Christophe Colomb, Christophe Palomar y Fagoaga, nous raconte le Mexique de cette fin du vingtième siècle. La découverte est époustouflante, le portrait est acide et loin des images glacées institutionnelles : le Mexique est un pays de tous les malheurs, pollué, surpeuplé, corrompu, en pleine faillite économique. La satire de la société mexicaine est féroce. L’œuf Christophe nous dresse le portrait de son futur pays à travers la narration des tribulations de ses parents, Angel et Angeles, de leurs amis et de leurs familles. Il est question tout au long du récit de destruction, de viol, d’escroquerie et de mort.
Le livre de Carlos Fuentes est exigeant, sa lecture parfois abrupte est désarçonnante. La verve langagière débridée brasse les cultures et les mythes, l’histoire et les traditions. Le lecteur est parfois pris en défaut, tout le monde ne partage pas l’immense savoir de l’auteur. Le roman fleuve foisonne de jeu sur le langage, clins d’œil délibérés qui rappellent les mots-valises de James Joyce. Bien que difficile, le roman recèle des plaisirs à nuls autres pareils. A la fois étourdissant et époustouflant, le lecteur amoureux des littératures sud américaines ne sera pas déçu par cette œuvre colossale de Carlos Fuentes.

Jacky GLOAGEN

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