mardi 8 décembre 2009

L'étoile de Ratner de Don DeLillo


William Terwilliger Jr, dit Billy Twillig, est un petit génie des mathématiques de 14 ans. Il vient de recevoir le Prix Nobel. Des scientifiques l’appellent à leur secours pour les aider à trouver la clé d’un message envoyé depuis la lointaine étoile de Ratner par des supposés extraterrestres. Le roman commence quand le jeune enfant arrive dans un centre de recherche ultra secret en plein désert nord américain.
Don Delillo jette là les bases d’un roman de science fiction des plus classiques. Il prévient le lecteur : le message de Ratner nous dira quelque chose sur nous-même. Tout est mis en place, mais comme le métaphorise assez rapidement l’inondation d’ombre du centre de recherche, le récit échappe aux canons de la littérature d’anticipation.
A l’instar d’Alice aux pays des merveilles, les premières journées du jeune mathématicien sont remplies de la succession des rencontres de tous les scientifiques qui avant Billy ont essayé de percer le secret de Ratner. La galerie de portraits vire au délire et au cauchemar. Il y a des logiciens transitionnels manchots et cyniques, des métaphysiciens de la fourmi rouge, des chamans…, tout une pléiade aberrante. Don DeLillo nous montre comme la science n’est jamais loin de la mystique, comme le langage scientifique glisse lentement vers les pires spéculations.
L’étoile de Ratner est un faux roman de science fiction, constitué essentiellement du discours des chercheurs, de longues discussions scientifiques entre les différents protagonistes. C’est donc un roman très vivant. Très vite l’intrigue tourne court, le message devient secondaire, les scientifiques ont dépassé cette volonté de l’interroger, ils veulent aller plus loin. Le centre de recherche offre une belle métaphore du roman dynamité depuis l’intérieur : le centre repose sur un trou, l’ébauche d’un premier projet avorté.
L’étoile de Ratner est un brillant roman plein d’humour ; il manie bon nombre des thèses scientifiques actuelles et nous offre une autre vue du monde des sciences.

Jacky GLOAGUEN

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