mercredi 30 décembre 2009

Les Indes noires de Jules Verne


La vieille mine écossaise d’Aberfoyle, riche d’innombrables galeries où la vie s’était organisée, est abandonnée depuis dix ans car toutes les couches exploitables étaient épuisées. Seul Simon Ford, ancien contremaître né au fond de la mine, y habite encore avec sa famille. Il n’a jamais perdu l’espoir de découvrir un nouveau filon et explore sans relâche les galeries en sondant la roche, mètre après mètre.
En cette seconde moitié du XIXe siècle, le charbon est le moteur de l’industrie en plein essor, et les Britanniques désignent l’ensemble de leurs houillères sous le nom imagé d’Indes noires, indiquant ainsi qu’elles contribuent, autant que les colonies, à la prospérité du pays.
Un jour, James Starr, ancien ingénieur de la mine retiré à Édimbourg, reçoit un courrier de Ford l’invitant à un mystérieux rendez-vous pour une communication importante. Les deux hommes ne se sont pas revus depuis dix ans… Quelle nouvelle le vieux contremaître pourrait-il apporter sinon l’espoir d’un nouveau filon ? Ces personnages sympathiques vont être entraînés dans une succession d’aventures et de mésaventures où les péripéties et les rebondissements inattendus abondent.
Les paysages superbes d’Écosse sont peints avec beaucoup d’enthousiasme et de nombreuses références à Walter Scott. Les immenses galeries où vivent les mineurs sont présentées comme une sorte d’Eden souterrain, à l’abri des aléas du climat et où la vie serait presque plus saine qu’à la surface ! Les découvertes techniques de l’époque sont toujours mises en avant et employées au mieux, mais la foi de Jules Verne dans la science et le progrès ne paraît pas sans limite. Il redoute les conséquences d’une aveugle course en avant qui pourrait conduire l’humanité à la catastrophe. Au jeune Harry qui regrette que le globe terrestre ne soit pas uniquement composé de charbon, le sage James Starr répond qu’au contraire la nature a été fort prévoyante : « La terre aurait passé jusqu’au dernier morceau dans les fourneaux des locomotives, des locomobiles, des steamers, des usines à gaz et, certainement, c’est ainsi que notre monde eût fini un beau jour ! »
La vie et le travail dans les mines sont abordés sous un angle plus technique qu’humain qui nous apporte bon nombre d’explications adroitement utilisées pour nourrir l’intrigue. Loin du Germinal de Zola, tout semble aller pour le mieux : les ingénieurs sont de braves gens, les mineurs les apprécient, tous se dévouent sans compter et chacun semble vivre heureux. Cette vision idéalisée, typique de la littérature de jeunesse traditionnelle, peut agacer, tout comme les héros de l’histoire qui, foncièrement bons, francs et courageux, s’apparentent plus à des modèles qu’à des personnages réalistes. Cette vertueuse simplicité a cependant un côté rafraîchissant et le lecteur l’oublie très vite car l’intrigue habilement menée l’entraîne irrésistiblement vers un finale grandiose que certains jugent digne d’un opéra de Wagner.     
Ce roman peu connu de Jules Verne soutient sans faillir la comparaison avec des titres plus célèbres. Il vous transportera dans un univers insolite et vous offrira d’agréables émotions de lecture.

Daniel REYNAUD

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