vendredi 18 décembre 2009

La maison du bout du monde de Michael Cunningham


La maison du bout du monde est un beau roman polyphonique. Jonathan, Bobby, Alice et Clare se succèdent pour nous raconter vingt cinq ans de leur vie. En un peu moins de trente chapitres, les quatre protagonistes se relaient et prennent chacun à leur tour la parole pour nous relater leur histoire commune. Chaque narration complète et enrichie, accentue ou nuance la précédente. Le roman est découpé en trois parties qui correspondent à trois périodes successives de leur vie.

Jonathan et Bobby sont au début du roman deux jeunes adolescents de quatorze ans. Ils vivent à Cleveland, un endroit sinistre. Ils découvrent l’amitié, l’amour, la musique, les Doors, Jimmy Hendrix et bien d’autres encore, la drogue et la libération sexuelle. Woodstock vient de s’achever quelques années plutôt. Ils sont toujours ensemble, l’un avec l’autre. Bobby fuit, sa mère est morte, son père est un gentil alcoolique, paumé, il brûlera  avec sa maison. Alice, la mère de Jonathan, insatisfaite et indécise, les rejoint par instant pour fumer. Plus tard, quand ils sont plus vieux, à New York, Clare  rejoint le tandem.

Michael Cunningham va décrire leur errance, il excelle à nous faire palper le désarroi d’individus que la société laisse sans idéal, perdus face à la contradiction de la vie : avoir à la fois une vie scandaleuse et établie, libre. Chacun endosse différents personnages, mais c’est toujours décevant. Plus qu’une peinture des mœurs d’une époque, notre fin du vingtième siècle, Michael Cunningham explore la perplexité de vies pleines d’une tristesse existentielle, il nous révèle la précarité des vies sans certitude, quand les raisons se valent, quand les questions sont sans réponse. Pour le plus grand bonheur du lecteur, ces vies sont obscures et sans vérité.

Jacky GLOAGEN

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