mercredi 2 décembre 2009

Un lit de ténèbres de William Styron

L’histoire se déroule dans l’état de Virginie, aux Etats Unis. Alors qu’à l’autre bout du monde la première bombe atomique marquée du sigle US a explosé, l’onde de choc atteint les consciences américaines.
William Styron nous raconte une histoire moderne et à la fois très classique, le récit de la haine et de la culpabilité, où la lassitude d’aimer côtoie la folie et la perdition. C’est une histoire à l’image de ce monde.
En gare de Port Warwick, un père attend la dépouille de sa fille. Quelques années avant, il a déjà  porté en terre sa cadette. Sa maîtresse l’accompagne parce que sa femme a refusé de venir avec lui. La solitude est trop grande et il sait qu’il ne pourra pas supporter cette dernière épreuve, l’ultime d’un parcours chaotique et désespérant. Il est ivre, juste un peu plus que d’habitude. Le trajet est long, c’est un chemin de croix trop pénible, qui va de la gare au cimetière en faisant des haltes inopinées,  propices à la réminiscence des souvenirs.
Ils sont enchâssés les uns dans les autres par une savante construction où le point de vue est successivement celui du père, fou d’amour et de douleur, de la mère à la haine vissée au corps, mais aussi de la fille morte, et même d’un pasteur, confident de la mère et témoin sidéré des différents évènements familiaux. Le récit est savamment organisé pour montrer la fragilité et la violence des personnages. Le roman s’achève d’ailleurs par la description hallucinante de la folie palpée de l’intérieur.
Ce prodigieux exercice littéraire est un premier roman qui dès sa parution a valu à son auteur l’hommage de ses pairs. Une prouesse technique et inspirée, pleine de maîtrise et d’humanité qui laisse le lecteur admiratif.

Jacky GLOAGUEN

Aucun commentaire:

Publicité