vendredi 25 décembre 2009

Les trophées de la cité morte de Jean-Louis et Doris Le May


Dans une Terre du Futur dévastée par une guerre totale déjà lointaine, le passé ne survit qu'à travers des légendes plus ou moins oubliées. Les Clans vivent de manière fort primitive dans des grottes, se tenant à l'écart des anciennes villes qui crachent encore parfois des monstres terrifiants. Parce qu'ils n'acceptent pas les règles étroites de la Tradition, parce que leur amour ne supporte aucune entrave, deux jeunes gens du Clan de Sul vont s'élever contre la haine que leur porte la Mère du Clan et défier les prétendants du Clan voisin de Ho auxquels ils ont été promis. Les épreuves seront choisies difficiles : Les hommes-serviteurs vont devoir affronter les Chimères qui hantent la Cité Morte et ramener comme trophée les yeux de l'une d'elle, tandis que les femmes-maîtresses devront obtenir la reddition ou la mort de leur rivale par tous moyens. Or Kar et Erle de Ho semblent bien plus forts et plus aguerris que Ion et Sri Ea de Sul...

Nos héros semblent très frustres de prime abord, luttant contre un monde sauvage qui ne les épargne guère, mais on leur découvre vite une profondeur et des qualités insoupçonnées : leur amour qui les porte et leur donne la force de se surpasser, leur esprit alerte qui les pousse à la curiosité et à la remise en question des règles séculaires, leur refus de la violence inutile, leur soif de liberté... De plus, au fil de l'épreuve quasi initiatique, les jeunes gens vont avancer dans leur connaissance du monde et d'eux-mêmes et devenir de page en page plus attirants et intéressants. Les personnages secondaires sont pour leur part à peine esquissés, fondus dans les descriptions de l'environnement et des actions des héros. La société nouvelle est brossée à petites touches précises que l'on découvre au fil des pages, jamais trop à la fois pour ne pas lasser : la loi rigide, qui donne la prééminence aux femmes ; les facultés psy de quelques élues qui peuvent communiquer mentalement, invoquer une lumière ou encore "fliter", c'est-à-dire contrôler partiellement une chute ; les rigueurs des conditions naturelles et la fragilité de la survie des Clans. Par contre, il n'y a guère de détails sur ce qui a mené l'humanité en ce point, et sur la nature exacte des monstrueuses Chimères robotiques qui vivent dans les anciennes cités et pourchassent les hommes : Un léger voile de mystère que chacun tranchera à sa guise...

Le style est fluide et poétique : Les phrases sont longues mais jamais complexes, le vocabulaire relevé mais accessible et d'une grande précision. Il n'y a pas de temps mort, l'histoire a beaucoup de rythme et une ligne directrice suivie de près. Les récits d'errances et de batailles sont allégés par de nombreux dialogues qui rendent les personnages et les situations plus vivants et que j'apprécie particulièrement.
C'est le deuxième livre de ce duo d'auteurs que j'ai entre les mains, et j'ai eu la même heureuse surprise que lors de ma première fois : un roman très agréable et intéressant qui surclasse aisément par ses qualités de réflexion et de cohérence les livres que l'on trouve généralement dans cette collection.

Marie-Soleil WIENIN

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