jeudi 31 décembre 2009

Madrid, Montana de Deirdre McNamer


Madrid, Montana dresse le portrait d’un lieu. Tout commence en hiver 1963 avec l’ouverture d’un nouveau grill-room par un groupe d’investisseurs locaux, trois agriculteurs, un chiropracteur, un banquier et le secrétaire de mairie. L’établissement doit servir de mess aux officiers ; ils sont basés dans la montagne à surveiller les missiles dirigés vers l’ennemi, Khrouchtchev, qui a établi les siens à Cuba. Nous sommes dans l’état du Montana, dans une petite ville reculée, aux pieds des Rocheuses, la guerre froide est arrivée à son paroxysme.
Le temps du roman, le chic et fier restaurant aura vécu. Avec lui disparaissent les illusions d’une fille mère, les rêves d’une serveuse et les interrogations d’une jeune adolescente.
Attentive à la fragilité des êtres, Deirdre McNamer nous fait partager l’atmosphère d’incertitude de cette époque, la difficulté de vivre de personnages fragiles dans une petite ville américaine, leur peine à échapper aux conventions et aux schémas tracés d’avance.
Les femmes sont au cœur de ce roman : il y a une bibliothécaire qui ne mettra pas longtemps à perdre sa place, une femme au foyer qui devient étrangement libre et folle en même temps, une coiffeuse portée sur la bouteille pour supporter sa vie…, toute une pléiade de femmes courageuses et perdues, en perpétuel combat avec la vie. Les hommes sont décrits sans concession, sans complaisance mais sans méchanceté : ils sont vils et ennuyeux, pleins de violence et d’égoïsme, avant tout faibles. Leur union est inévitable et pourtant presque toujours désastreuse.
Le roman est découpé en de nombreux chapitres. Ils nous font passer d’un personnage à un autre sans monotonie. Et même s’il est vrai que trois d’entre eux reviennent plus souvent, c’est bien à une dizaine de personnages en même temps que nous confronte l’auteur. Même si la première personne n’est pas employée, nous partageons une très grande proximité avec chacun d’eux.
Madrid, Montana est le beau premier roman de Deirdre McNamer, un écrivain qui se place dans la droite ligne des écrivains du Montana, rien moins que Jim Harrison, Thomas McGuane et Richard Ford.

Jacky GLOAGEN

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