mercredi 30 décembre 2009

No pasarán, le jeu de Christian Lehmann


Trois adolescents visitent un magasin de jeux. Le vendeur est particulièrement troublé par l'insigne nazi arboré par l'un d'eux, Andreas ; il leur offre alors un jeu – l'Expérience Ultime – et leur enjoint d'y jouer au plus vite. Le jeu se révèle très singulier : les trois garçons peuvent accéder au mode multi-joueurs alors que leurs ordinateurs ne sont pas connectés ; de plus, c'est un jeu de guerre particulièrement complexe et réaliste, alors qu'il tient sur une unique disquette. La guerre, la vraie, comme si vous y étiez : le Viêt-Nam, Verdun... Pour Thierry et Éric, leur première expérience est une révélation : bouleversés, ils sont résolus à ne plus y toucher. Andreas par contre adore ça ; il contraint ses anciens amis à l'affronter sur le terrain de la guerre civile espagnole. Avec ses légions nazies, soutenant les fascistes de Franco, il compte bien écraser Thierry et Éric, qui se battent avec les résistants républicains, très inférieurs en nombre et en armement et qui n'ont que leur coeur pour entretenir leur cri de ralliement : "¡ No pasarán !"...
C'est un roman jeunesse, pas très long : Je l'ai dévoré en une soirée. Le scénario est percutant, entièrement dédié au support d'une idée simple parfaitement exprimée : La guerre est une chose violente et horrible et non un jeu, mais il y aura toujours des gens pour la perpétrer. Je connais plusieurs personnes qui l'ont étudié ou fait étudier en classe, ça me semble effectivement parfaitement adapté, car ce livre apporte au lecteur des pistes de réflexions fort intéressantes. A recommander cependant aux enfants déjà assez âgés, car ce livre aborde de manière très réaliste l'enfer de la guerre, et nécessite également quelques connaissances générales en histoire.
L'histoire est racontée en suivant principalement le personnage d'Éric. C'est un héros plutôt attachant, mais dans l'ensemble, les personnages sont malheureusement peu nuancés, qu'ils soient principaux ou secondaires. Ce qui n'est pas bien grave, tant le récit est dynamique et prenant. Même ceux qui ne sont pas amateurs de jeux vidéo pourront se mettre à la place des trois adolescents, plongés en pleine guerre alors qu'ils pensaient à l'origine seulement jouer sur leur ordinateur, et qui mûrissent d'un coup. L'auteur a très bien réalisé l'imbrication entre le virtuel et le réel, on passe de l'un à l'autre sans s'en rendre compte. Il a également ajouté la guerre de Bosnie en toile de fond, que l'on découvre à travers le frère militaire d'Éric et l'une de ses camarades de classe réfugiée, et qui ajoute une dimension supplémentaire à l'ensemble.
Le style est très fluide, avec des phrases simples. Le vocabulaire employé est également simple, très visuel, souvent familier quand il est mis dans la bouche des différents adolescents. Beaucoup de dialogues et quelques passages plus légers aèrent le roman.
Au total, un livre engagé, mais très plaisant à lire.

Marie-Soleil WIENIN

Aucun commentaire:

Publicité