mardi 19 janvier 2010

La voie du sabre de Thomas Day


Rêvant que son jeune fils de douze ans, Mikedi, épouse un jour l'Impératrice-Fille, le seigneur Nakamura le confie à un rônin de piètre allure, négligé et impoli, mais de grand talent : Miyamoto Musashi. Celui-ci excelle en tout, c'est un combattant inégalable et un amant merveilleux. C'est aussi un personnage énigmatique, au corps intégralement couvert d'un tatouage mouvant, qui arpente l'île depuis plus d'une centaine d'années à la recherche du sabre magique qui fait la paire avec le sien. Le maître va guider son élève sur la Voie du Sabre : combattre librement au service de la justice pour donner aux autres le bonheur que l'on s'interdit. Une voie qui passe par l'apprentissage des arts martiaux, mais aussi des plaisirs de la chère et de la chair. Mais c'est une voie bien étroite pour un adolescent ambitieux, qui peut facilement s'effacer derrière la Voie de l'Amour ou celle du Pouvoir...
 Thomas Day nous convie ici dans un Japon médiéval mêlé de fantasy, où l'empereur est un dragon, où la magie existe. Ce livre repose cependant sur une parfaite connaissance de la culture japonaise de cette période : Cérémonie du thé, seppukus rituels au nom de l'honneur, tout est criant de réalisme.
Le roman s'appuie (fort librement) sur un personnage historique, le légendaire Musashi, connu pour ses exploits au sabre mais également pour son Traité des cinq roues, un ouvrage de stratégie. Ce guerrier fameux nous est présenté comme un homme souvent vulgaire, d'une saleté repoussante, mais également comme un sage et un poète, vivant en accord avec les lois de l'univers. Son élève est malheureusement d'une autre trempe, ne se révélant pas à la hauteur du maître malgré l'admiration qu'il lui porte et échouant à appréhender la Voie du Sabre.
Le style employé est clair et très visuel. En lisant cette prose fluide et évocatrice, le lecteur ne manquera pas de se représenter des images très fortes qui ne sont pas sans rappeler les films d'arts martiaux japonais : quand Musashi combat, le temps semble se figer, au point qu'il sculpte dans les airs le sang qu'il vient de faire gicler... Nous sommes littéralement plongés dans une atmosphère de violence et d'érotisme très proche de celle du Japon féodal. Le vocabulaire précis contribue également au réalisme.
L'intrigue est également entrecoupée de plusieurs contes, qui enrichissent le récit en remplacent avantageusement de longues explications.
Dans les points négatifs, on pourra regretter un manque de développement des personnages et de certains événements relatés fort brièvement. En effet, le roman est assez court et ne s'attarde guère, manquant un peu de substance.
Un roman pour qui aime les univers med-fan, le Japon des samouraï et les récits initiatiques.

Marie-Soleil WIENIN

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