vendredi 22 janvier 2010

A la poursuite de Cacciato de Tim O'Brien


Le roman A la poursuite de Cacciato mêle deux récits. L’un très linéaire relate de façon chronologique la poursuite qui s’organise pour récupérer un déserteur. La guerre de Vietnam fait rage. L’autre récit, plus tortueux, plus sombre, raconte divers moments de cette guerre, la mort des camarades, les missions, l’arrivée des nouvelles recrues sur le théâtre des opérations où on leur annonce « Vous allez mourir »…
Les chapitres se succèdent alternant sans ordre apparent les deux récits. Pourtant un chapitre intitulé « Le poste d’observation » revient par dix fois tout le long du roman, il est comme une respiration, un rappel constant de l’architecture romanesque. Car assez rapidement le lecteur comprend ce dont il est question : Paul Berlin surnommé Spec Four est un jeune soldat, il est de garde dans une tour de guet dans un endroit où il n’y a rien à observer, au bord de la Mer de Chine méridionale. Il occupe son temps en se remémorant des évènements particulièrement douloureux de sa jeune vie de soldat, mais aussi parce que cela est trop douloureux, en inventant une histoire, l’histoire d’un soldat un peu idiot camarade de section qui a décidé de déserter et de se rendre à Paris. Mais en partant à sa recherche le groupe de poursuivants dont il fait parti déserte à son tour. Treize mille huit cent sept kilomètres seront parcourus en l’espace de quelques centaines de pages.
Le travail d’imagination complète le travail de mémoire pour mieux exprimer le sentiment de désarroi et de culpabilité des acteurs de cette guerre. Car la relation des évènements est insuffisante à dire la vérité. L’interaction entre la mémoire et l’imagination est seule apte à faire appréhender et à faire comprendre la complexité de la situation.
Grâce à ce procédé O’Brien réussit merveilleusement son pari. Ce n’est pas là un roman de guerre supplémentaire, c’est une œuvre riche et moderne qui s’achève là où elle a commencé.

Jacky GLOAGUEN

Aucun commentaire:

Publicité