vendredi 22 janvier 2010

L'étrangleur de Cater Street de Anne Perry


Premier tome de la série « Charlotte et Thomas Pitt », ce livre met en scène la famille Ellisson, famille aisée qui vit dans les quartiers chics de Londres à l’époque victorienne où les apparences et les convenances comptent plus que tout. Un mystérieux assassin tue des jeunes filles du quartier sans faire de distinction sur leur condition sociale. L’inspecteur Pitt, dont la venue dans les beaux quartiers est très mal vécue et mal vue sous prétexte de n’être pas aussi bien né et de faire un métier presque « honteux », va enquêter et surtout va leur faire découvrir, en particulier à Charlotte un monde qu’ils ne connaissaient pas : celui de la misère des bas fonds de Londres où la pauvreté et les meurtres sont quotidiens et banals mais où l’entraide et les sentiments sont beaucoup plus vrais. Dans le milieu aisé de cette époque, les convenances sont tellement importantes que même les personnes d’une même famille ne se connaissent pas vraiment mais il suffit d’un meurtre et de la peur qui s’installe, qui fait soupçonner tout le monde pour que les secrets de chacun soient dévoilés et la vérité prend alors le dessus sur l’apparence.
Ce premier tome sert surtout à présenter les personnages centraux de toute la série, la rencontre de Thomas et Charlotte, le cadre de leur vie avec toutes les inégalités hommes-femmes ou de condition sociale de cette époque…On sait assez rapidement qui est l’assassin, il n’y a pas beaucoup de suspense mais la fin est assez étonnante (concernant le mobile du meurtrier). Certains passages ne sont pas très réalistes surtout en ce qui concerne les sentiments des personnages qui je trouve ne sont pas assez approfondis: après la mort d’une personne de leur famille, ils n’ont pas l’air franchement attristés et continuent leur vie comme si rien de s’était passé. En revanche, on apprend beaucoup sur les us et coutumes de cette époque et dans ce milieu social où tout est régi par des codes, où chacun doit rester à sa place et où les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes libertés. Même Charlotte qui est sensée être la « rebelle », se plie sans trop discuter à ces règles.
Ce roman est très simple à lire, on se laisse embarquer dans l’histoire et on s’attache assez rapidement aux personnages surtout parce que l’on sait qu’on va les retrouver dans les prochains tomes de la série et qu’on va les voir évoluer. Je pense que ces romans policiers plairont plus aux femmes car Charlotte et sa sœur Emily sont les héroïnes principales, on se met donc plus facilement à leurs places et on comprend leur façon de penser mais aussi parce qu’il n’y pas assez d’actions pour intéresser un homme. On apprend plein de choses à propos de l’époque victorienne : la vie quotidienne des milieux bourgeois en particulier des femmes où les visites chez leurs voisines constituent la principale activité de la journée, leur conditionnement par les hommes à leur rôle de maîtresse de maison et de mère… Anne Perry nous inonde de pleins de petits détails pour nous faire oublier l’enquête policière pendant quelques pages mais surtout pour mieux nous emmener au dénouement final. Et juste pour information, il faut se renseigner sur la vie d’Anne Perry, elle a eu une adolescence assez mouvementée…

Florence Touzet

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